10 trolls français sont jugés pour cyberintimidation contre Brigitte Macron – et pour la plupart, ils ne sont pas désolés
« Si vous aviez eu Madame Macron devant vous, lui auriez-vous parlé de sa queue ?
À la barre des témoins, Jérôme A. était silencieux. Peut-être qu’il « n’aurait pas fait de blagues devant » Brigitte Macron, la première dame de France, si elle s’était tenue juste devant lui. Mais « tout dépend du contexte et du moment », balbutie-t-il.
L’informaticien de 49 ans faisait partie des 10 prévenus, âgés de 41 à 65 ans, pour lesquels les procureurs ont requis des peines de prison avec sursis, allant de 3 à 12 mois, après avoir été inculpés et jugés pour cyberharcèlement de la première dame. Devant le tribunal correctionnel de Paris, lundi et mardi, ils ont été accusés d’avoir publié ou relayé sur les réseaux sociaux des blagues, insultes, photomontages et autres caricatures affirmant que Brigitte Macron était un homme. En amont du verdict, attendu le 5 janvier 2026, la plupart d’entre eux plaidaient qu’ils avaient droit à l’humour, à la satire et à l’impertinence, tandis que d’autres évoquaient carrément le «Charlie Hebdo esprit. »
Les tweets des accusés comparaient Macron à une « vieille transsexuelle » et à « un garçon de première dame » « qui porte des chaussures de taille 47 ». Jérôme A., de son côté, écrit : « Une ultra minorité de cinglés a pris le pouvoir à Paris. Qui doute de la bite de Brigitte ? »
Confronté à la barre à des tweets qu’il jugeait inoffensifs, l’accusé a tenté de minimiser la portée de ses propos. Depuis 2022, il a publié plus de 36 000 tweets au total, soit une moyenne de 30 par jour ; tous n’ont pas porté sur Macron. « Je suis accusé de neuf tweets espacés sur quatre mois », a-t-il souligné, comme surpris de se retrouver au tribunal pour si peu. Pourquoi, dans le flot de commentaires vulgaires et insultants sur Internet, la justice s’est-elle intéressée à lui ? « Je me demande ce que je fais ici », se plaignit-il. « Aujourd’hui, on peut envoyer des gens en garde à vue pour quelques tweets inoffensifs, finir dans des cellules qui sentent la pisse, être convoqués plusieurs jours à Paris. C’est effrayant. »
La plupart des prévenus sont des internautes sans influence démesurée qui ne voient pas l’intérêt de ce procès pour cyberharcèlement. « Madame Macron a une certaine notoriété », a rappelé Jean-Christophe P., un gestionnaire immobilier de 65 ans. « Je ne suis qu’une personne parmi tant d’autres. Je ne pense pas faire partie d’un quelconque harcèlement. » Il a qualifié la première dame de « salope pédo-sataniste dégénérée » et de « transsexuelle merdique ».
Il s’agissait de propos honteux cités par le président du tribunal. Mais pour Jean-Luc M., c’étaient simplement des « blagues » ou des « plaisanteries ».
